Merci Messieurs les Anglais d’avoir tiré les premiers…
À la bataille de Fontenoy (mai 1745) , un général français aurait provoqué les Anglais en leur disant « Tirez les premiers, Messieurs les Anglais ». Il faut savoir gré aux Anglais d’avoir tiré les premiers sur ce pouvoir hydropique, papelard et autocrate qu’est devenu l’Union Européenne. Petite lettre à mes filles, qui vivent en Angleterre et que le Brexit désole.
Les Anglais vivent pour l’Angleterre, ce qui est un choix qu’on ne saurait leur reprocher. La construction d’une grande Europe, pour laquelle différents pays dépasseraient la seule poursuite de leurs intérêts, ils n’y ont jamais cru et n’en ont jamais voulu. Avec intelligence et persistance, ils ont tiré le maximum de ce qu’ils pouvaient de l’Union Européenne et lui ont donné le moins possible.
Leur rêve est d’être la première place financière mondiale; tout le reste leur est accessoire.
L’Europe est en crise, dirigée par des technocrates et des ordo-libéralistes allemands (voir mon article Impossible Europe allemande, sur ce blog) qui nient la souveraineté des peuples européens, préférant celle du capitalisme à la Goldman Sachs et partageant l’illusion d’un modèle allemand transposable à tous les pays d’Europe. Ce qui est absurde et ne peut être soutenu que si on souhaite le renforcement de la domination allemande sur les pays européens.
Il faut quitter cette Union Européenne malade ou, de préférence, la réformer radicalement. Les Allemands ne le voudront pas et l’on risque d’aller vers deux Europe, une du Nord, l’autre du Sud,
La France, l’Espagne, L’Italie, le Portugal, la Grèce, mais aussi le monde développé dans son ensemble, souffrent des dérives d’un modèle capitaliste qui a tout donné à la finance et privilégie la création de richesse par la spéculation plutôt que de se préoccuper de l’économie réelle et du bien être des classes moyennes et modestes. Cette folie a entrainé le monde dans la catastrophe de 2008, de même qu’une stagnation économique qui dure depuis huit ans. Ce modèle doit donc être lui aussi réformé en profondeur.
Nous vivons des temps passionnants, et c’est votre génération qui, ayant étudié lucidement tout cela, posera le bon diagnostic et se battra pour redresser la barre. La situation va devenir plus inconfortable partout avant de s’améliorer, mais elle est réparable.
Pour l’Angleterre, je ne suis pas inquiet. C’est un peuple magnifique et coriace — totalement autocentré, ce qui ne n’est pas drôle pour les autres — et très à l’aise sur l’échiquier mondial.
Le Brexit ne me déplait pas, dans la mesure où il ébranle une Union Européenne qui doit être démontée pour être reconstruite.
Mais je compatis au mal-être des non-brits qui vivent au UK; sachant que l’identification avec la France n’est pas facile, entre le navet Hollande et le champignon toxique Sarkozy…
Toutefois, ne nous emballons pas. En 2005, les Français ont voté par référendum contre le projet de constitution européenne; pour se le voir imposer ensuite par leur gouvernement.